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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
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Collemboles Hypogastruridae se nourrissant de champi- gnons, dans le parc national de Torres del Paine, au Chili.
Nous sommes à proximité du lac Yelcho, au Chili. Christophe fauche la canopée des Nothofagus à la recherche des empidides, à quelques pas des glaciers de basse altitude.
L’équipe fait une pause sur la route australe entre Puerto Montt et Coihaique. De gauche à droite, en partant du haut : Éric Guilbert, Christophe Daugeron, Adrian Plant, Clément Schneider,
Emmanuel Delfosse et Lionel Picart. Bien que nous soyons en été, le temps reste frais et humide.
Rien de mieux qu’un retour en Patagonie pour inaugurer le projet des Rescapés du Gondwana, dont l’idée a germé dès nos premières missions, et qui se concrétise en ce début des années 2010. Pour la plupart des membres de cette expédition, il s’agit d’une première et d’une découverte de la Patagonie : Éric, Lionel, Philippe, Clément Schneider (étudiant en doctorat travaillant sur les collemboles avec Cyrille) et Emmanuel Delfosse, technicien au Muséum. Seuls Christophe et son collègue Adrian Plant du National Museum of Wales, lui aussi spécialiste des diptères Empididae, ont déjà exploré la région.
L’idée maîtresse de cette mission est de parcourir une partie de la Patagonie du nord au sud, sur une distance de 650 km en empruntant la célèbre « carretera austral », ou Route n° 7, entre Puerto Montt et la petite cité de Coihaique, capitale administrative de la région Aisén del General Carlos Ibáñez del Campo. Cette route mythique a été réalisée sous le régime militaire d’Augusto Pinochet. Il s’agit principalement d’une piste assez étroite, interrompue en plusieurs endroits par des fjords majestueux qu’il nous faudra traverser en empruntant des ferries.
La route est jalonnée de parcs naturels et réserves immenses. Nous attendons beaucoup de cette mission, surtout Christophe, Adrian et Clément qui savent que les empidides et les col- lemboles y sont abondants. Pour Éric, c’est
l’inconnu : existe-t-il des tingides dans ces grandes forêts tempérées du sud de la Patagonie ?
Notre mission est prévue pour durer trois semaines, entre le 21 novembre et le 12 décembre. C’est le début de la belle saison, mais nous savons que nous sommes dans l’une des régions du monde les plus arrosées, c’est d’ailleurs ce qui lui vaut d’être recouverte par ces magni ques forêts primaires de Nothofagus. Le risque est donc grand de se retrouver plusieurs jours de suite sans pouvoir collecter à cause de la pluie.
Arrivés à Puerto Montt, au Chili, les premiers doutes sur le succès de la mission s’installent, tant la pluie n’a cessé de tomber durant les trois premiers jours... La visite du parc Alerce Andino, non loin de Puerto Montt, se fait sous la pluie. Nous pro tons de quelques accalmies pour col- lecter au let ou tenter quelques grimpes, mais surtout nous décidons de poser deux « pièges de Malaise » qui collecteront à notre place divers insectes pendant trois jours et trois nuits. C’est en e et au Chili que nous avons testé nos premiers « pièges de Malaise » en canopée. Nous avions testé le système au laboratoire avant notre départ, sous forme de gaines rigides en pvc assemblées avec des joints coudés, l’ensemble formant un parallélépipède rectangle. La toile du Malaise est ensuite tendue dans le cadre. Le sys- tème est rapide et facile à monter. En revanche, il n’a pas donné le résultat escompté, car il est resté
PATAGONIE 2011
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