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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
Une larve du genre Haedacanthus, collectée à Madagascar, est observée dans ses moindres détails par microscopie électronique à balayage.
On voit, grâce à cette technique qui permet des grossissements de l’ordre de plusieurs centaines à des milliers de fois, les détails
des protubérances sur le dos de la larve. De formes spécifiques selon les espèces, ces excroissances sont les prolongements
de glandes sécrétrices de répulsifs ou d’alarmes chimiques contre les prédateurs.
BILAN SCIENTIFIQUE
La silhouette du tingide Allocader sp. montre la taille développée des hémélytres, ou ailes antérieures, qui recouvrent et dépassent
la taille de l’abdomen. Plusieurs espèces, possédant cette caractéristique, couvrent et protègent leur ponte grâce à leurs vastes ailes.
Les tingides malgaches totalisaient 88 espèces après le premier bilan e ectué par Duarte Rodrigues en 1992. Nous en sommes aujourd’hui à 135 espèces, dont 83 sont endémiques de Madagascar. Un grand nombre de ces espèces nouvelles proviennent de notre mission. Le genre Hovatlas, par exemple, n’existe qu’à Madagascar et, à chaque mission, on découvre et décrit des espèces nouvelles. Reste à savoir quel est le plus proche parent de ce genre. Pour cela, d’autres missions de terrain seront nécessaires a n de bien connaître la faune malgache. Comme pour beaucoup de groupes, plusieurs genres de tin- gides se seraient diversi és récemment après un épisode de colonisation, ce qui peut expliquer en partie le fait que beaucoup d’espèces à Madagascar ont une répartition limitée. D’autre part, plusieurs espèces présentent des a nités
avec des espèces indiennes, et attestent donc d’une proximité de longue date entre les faunes de Madagascar et d’Inde. Le genre Haedus, lui, est principalement diversi é en Asie et plus particulièrement en Inde, tout comme le genre Haedacanthus. Il n’est donc pas étonnant de trou- ver ces deux derniers genres à Madagascar.
Madagascar est bel et bien une île unique par son histoire tectonique, sa taille et sa position. Sa faune et sa ore sont exceptionnelles. Malheureusement, quelques missions de terrain ne permettent pas d’en dévoiler intégralement l’incroyable richesse. De plus, comprendre l’his- toire des espèces malgaches implique de s’intéresser aussi aux espèces dans les régions voisines... Il nous faudra donc plus tard tourner notre regard vers le continent africain.
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