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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
glaces aux pôles. Les climats de la Patagonie durant les périodes glaciaires du Quaternaire ont été froids et secs, favorisant la toundra. Il y avait cependant de l’eau sous la forme de rivières traversant la steppe. Celles-ci ont agi comme barrières biogéographiques contraignant les migrations et dispersions de la faune terrestre entre le nord et le sud.
La Patagonie est la région biogéographique de l’Amérique du Sud la mieux dé nie. Dans toutes les classi cations, celle-ci inclut le sud de l’Ar- gentine et le sud du Chili. La Patagonie-Terre de Feu se trouve environ au sud du 40e parallèle et inclut le « monte » argentin, la steppe ou prairie patagonienne, les forêts valdiviennes tempérées (24 millions d’hectares de forêts tempérées sur pente le plus souvent et extrêmement humides le long de la cordillère des Andes) et les forêts magellaniques subpolaires (ce sont les forêts tempérées les plus au sud, plus froides et moins humides que les forêts valdiviennes). Cette région a été soumise aux cycles glaciaires du Néo- gène, mais les périodes glaciaires ont été plus limitées en Amérique du Sud que dans les conti- nents du nord. La Patagonie n’est cependant pas homogène et on peut distinguer plusieurs sous-régions, ne serait-ce que de part et d’autre des Andes. La biogéographie de la Patagonie a alimenté de nombreux débats, du fait de la
Le guanaco (Lama guanicoe), ici dans le parc national de Torres del Paine, est le plus grand des Camelidae d’Amérique du Sud (il dépasse 1 mètre au garrot). Il serait l’ancêtre du lama domestique.
connexion tardive de cette partie de l’Amérique avec les autres régions sud du Gondwana. Certains auteurs ont d’ailleurs divisé la Patagonie en sous-régions au regard de la faune endé- mique étudiée. Ainsi, Lopez et ses collègues dis- tinguent cinq sous-régions biogéographiques dif- férentes sur la base d’une analyse des poissons d’eau douce ostéiformes de la famille des Galaxiidae. Dominguez et ses collègues recon- naissent quatre événements de vicariance (pro- cessus pouvant conduire à l’apparition d’une espèce) sur la base d’une analyse sur sept groupes d’insectes. Ils distinguent les événe- ments de vicariance nord-sud et est-ouest. En revanche, il ressort que la faune et la ore du nord de l’Amérique du Sud seraient plus proches de celles de l’Amérique du Nord que de celles du sud de l’Amérique du Sud.
L’isolement de l’Amérique du Sud au Cénozoïque a généré une faune de mammifères très endé- mique, surtout localisée dans les Andes, dominée par les herbivores hypsodontes (lièvres, lapins et autres rongeurs). Elle rend compte d’un change- ment de climat abrupt accompagné d’une sa- vanisation et/ou l’apparition d’un milieu ouvert de type prairie. Ce changement serait plus précoce de 15 à 20 Ma que sur les autres continents.
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