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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
MISSION DU BOUT DU MONDE À CHILOÉ
La seconde étape majeure de cette mission sera l’îledeChiloé:à1h30derouteausuddePuerto Montt, nous devons traverser le canal de Chacao au moyen d’un ferry. La traversée dure environ deux heures. Notre objectif est de collecter sur la côte ouest de l’île dans le parc national de Chiloé, un parc recouvert d’une immense forêt valdivienne, essentiellement composée de Nothofagus, grands arbres de 20 à 40 mètres avec un fût droit et les premières charpentières assez hautes, qui reçoit continuellement des pluies provenant des dépressions paci ques. Pour cela, nous devons rejoindre le village de Cucao à l’extrémité sud du parc. À partir d’Ancud, deux heures de route et de piste sont encore au programme. Une fois sur place, nous nous instal- lons pour quelques nuits dans une cabane vétuste avec notre matériel. Malheureusement, le lendemain nous nous rendons compte que l’accès au parc est des plus compliqué : il n’y a pratiquement pas de sentier aménagé dans cette forêt quasiment impénétrable. Heureusement, en dehors de quelques averses, la météo est plutôt clémente et à force de persévérance nous réussirons malgré tout à trouver un sentier qui nous permettra de pénétrer quelques kilomètres dans la zone sud du parc et de réaliser de très belles collectes, que nous compléterons par des collectes en bordure d’océan, zone qui s’avèrera très riche.
Au 8e jour de la mission, nous quittons Chiloé en direction de Lenca, une localité au bord du Paci que, à proximité du parc national Alerce Andino. Il est lui aussi composé de forêts valdi- viennes, très arrosées et potentiellement très riches en insectes. Nous sommes maintenant au cœur de la saison estivale, même si cela ne se ressent pas toujours, et nous attendons beau- coup des quelques jours que nous souhaitons passer dans le parc, d’autant plus qu’il semble aisément accessible grâce à l’aménagement de plusieurs sentiers.
Le parc tient toutes ses promesses : la forêt est fantastique, on y découvre des arbres impres- sionnants atteignant aisément les 30 ou 40 mètres de haut, ce sont toujours les Nothofagus, véritables hêtres de l’hémisphère sud. On trouve aussi des Podocarpes, plus petits, aux feuilles vertes et épineuses. On ne voit malheureusement que peu de grands animaux en forêt. Pour la pre- mière fois, nous découvrons partiellement le comportement reproducteur d’un Empis de cette région : les mâles, portant une proie qu’ils ont capturée, forment des essaims, sans doute en attente des femelles alentour, qui choisissent le mâle pour l’accouplement en fonction de la taille de la proie. Cyrille réalise des photos de ces essaims qui seront publiées deux ans plus tard dans la revue Systematic Entomology.
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