Page 153 - Rescapes_du _Gondwana
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1. De grands troupeaux d’herbivores, comme ici les zèbres, arpentent les plaines de la réserve de Mkambati, en bordure de l’océan Indien. Olivier y trouvera des coprophages spécialisés dans la consommation des excréments de ces mammifères.
2. Ce collembole Microfalcula delamarei a été découvert en abondance dans la canopée des arbres de la réserve de Mkambati par Cyrille. On ne le connaissait, jusque-là,
qu’à travers un seul spécimen décrit sur l’île
de Madagascar.
3. Le collembole Microfalcula delamarei ne tombe pas dans les nappes de battage grâce aux sortes de « velcros », ou soies adhésives, dont il dispose à l’extrémité des pattes, ce qui constitue une caractéris- tique anatomique exceptionnelle.
Pages suivantes - Cyrille et Éric optimisent la grimpe dans les arbres pour récolter les spécimens de leur groupe, d’une part les collemboles avec un aspirateur à bouche, et d’autre part les tingides par la technique du battage avec un parapluie japonais.
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
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est décrite à Madagascar par Zaher Massoud et Jean-Marie Betsch, baptisée Microfalcula dela- marei. La description originale est basée, à l’époque, sur un unique spécimen mâle, décou- vert en fauchant des herbes à la lisière d’une forêt primaire. Les auteurs suspectaient d’ailleurs que les herbes n’étaient pas le biotope original de l’animal. En raison de son étrange morphologie, ils ont pensé à une espèce termitophile (vivant avec les termites) ou myrmécophile (vivant avec les fourmis). En 1968, un deuxième spécimen, encore un mâle, est capturé à 250 km du précédent, sur une feuille de Ravenala madagascariensis tom- bée au sol. Puis un troisième et dernier spécimen, une femelle cette fois, est trouvé dans le nord-est de Madagascar, sur l’île de Nosy Behentona. Ces trois spécimens ont donc été découverts par hasard, dans les années 1960, leur habitat et leur mode de vie restant à ce jour inconnu.
Microfalcula présente des caractéristiques telle- ment uniques au sein des collemboles, comme la structure des pattes et de la bouche, qu’une
sous-famille lui a été attribuée, celle des Microfalculinae, au sein des Entomobryidae... Avant que le chercheur polonais Andrzej Szeptycki ne l’élève en 1972 au rang de famille, baptisée Microfalculidae. Cet animal énigmatique et rare soulève donc de nombreuses questions passionnantes pour les chercheurs : où vivent les Microfalcula ? Pourquoi sont-ils si rares ? Pourquoi cette morphologie si étrange ? Constitue-t-elle une adaptation à leur habitat, leur mode de vie ? Où se placent-ils dans l’histoire évolutive des col- lemboles ? Tombé du ciel, le Microfalcula de Mkambati va permettre à Cyrille de préciser les connaissances sur cet insecte, et en particulier de résoudre l’épineuse question de son habitat : prai- rie, couvert forestier, canopée ? La réponse à l’énigme est fournie quelques jours plus tard par une ascension en canopée. En e et, Lionel Picart décide d’équiper un arbre en forêt, a n que les entomologistes puissent en explorer le houppier, ou partie la plus élevée. C’est un petit arbre, aux branches solides et nombreuses, et donc facile à grimper, même si son espèce est inconnue aux
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