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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
Depuis le parc de Shannon, nous nous rendons alors plus à l’est, dans le parc de Porongurup, au nord de la ville d’Albany. C’est un beau parc de par ses paysages et sa richesse oristique, où l’on trouve, répartis entre des blocs de granite, de nombreux arbres marris, jarrahs et karris, qui sont les trois essences dominantes dans la région. Malheureusement, le parc a été ravagé il y a sept ans par un incendie. La ore s’est reconstituée, mais il n’est pas certain que la faune l’ait été aussi. En e et, le feu est le principal ennemi de la forêt australienne. La surveillance est renforcée l’été, et les rangers réalisent régulièrement des feux préventifs. Le sous-bois est alors brûlé de manière contrôlée et limitée, pour éviter qu’un incendie, accidentel celui-là, n’emporte tout sur son passage. Concernant notre travail, nos jour- nées à Porongurup se déroulent de la même façon que lors des étapes précédentes : des col- lectes et des grimpes d’arbres de bonne taille.
Notre mission australienne se conclut, lors de notre remontée vers Perth, dans le parc de Midgegoroo. Là, chacun s’e orce de parachever son échantillonnage, a n de rapporter en France un éventail le plus représentatif possible de la faune locale. Lors de la première journée dans ce vaste parc, Cyrille, Christophe et Éric arpentent la forêt. Penché au sol sur un chemin, Cyrille s’étonne du nombre de fourmis et de leur activité.
Nous sommes en présence de la « fourmi- taureau » ou « bull-ant ». Celle-ci possède des mandibules d’une taille disproportionnée par rap- port au reste du corps. Cyrille est vite captivé par leur ballet, mais subit une attaque éclair qui va le mettre en fuite, malgré la di érence de taille des forces en présence !
Nous réalisons également nos dernières grimpes d’arbres, dans un secteur de forêt largement per- turbé par les activités humaines. Pendant que Matthieu et Lionel équipent les arbres, Éric arpente le sous-bois à la recherche de ses petites bêtes. Et il en trouve ! Pas une, mais plusieurs espèces di érentes. Le site est étonnamment riche, alors que la forêt est peu prometteuse en apparence. De plus, c’est un site proche de Perth et les collègues australiens le connaissent bien. Éric obtiendra donc, très certainement, le nom des plantes-hôtes sur lesquelles il a débusqué ses tingides. Puisque ce sont nos derniers jours sur place, Lionel, Matthieu et Éric décident de grimper un dernier eucalyptus... De ceux qui résistent aux incendies, et qui ont donc le tronc aux trois-quarts brûlé. Les grimpeurs se retrou- vent vite noirs de suie, et sont bons pour la photo souvenir !
La mission se termine, et l’enthousiasme est toujours de mise au vu de la qualité des collectes. Le tronc brûlé de l’eucalyptus rappelle que les forêts australiennes sont souvent livrées aux
FIN DE MISSION À MIDGEGOROO
incendies, face auxquels les arbres ont su s’adapter en mettant au point des mécanismes de défense basés sur l’épaisseur et la résistance de l’écorce.
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