Page 195 - Rescapes_du _Gondwana
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1. Ce tingide de l’espèce Diplocysta bilobata est endémique d’Australie. Il n’était connu qu’à l’est de l’île-continent, jusqu’à ce que la mission Cafotrop n’en découvre un spécimen à l’ouest. Il doit son nom aux deux sphères qui ornent son
« pronotum », ou surface dorsale du premier segment thoracique, et dont on ne connaît pas la fonction. Si l’espèce bilobata est connue de l’ouest australien, la mission Cafotrop y a aussi découvert l’espèce trilobata, qui ne l’était pas encore.
2-3. Un tingide Caloloma uhleri, espèce endémique d’Australie. Fréquente
à l’est du pays, elle a été découverte pour la première fois, par la mission Cafotrop, dans le sud-ouest du pays (parc d’Entrecasteaux). À ce jour, son comportement et
ses habitudes alimentaires restent inconnus.
De nombreux travaux scienti ques ont traité de la biodiversité australienne. Ainsi, on sait que la spé- ciation in situ a joué un rôle important dans la faune du sud-ouest australien. Il en a résulté beaucoup d’endémisme chez les poissons d’eau douce, les batraciens, les reptiles, les coquillages et les arthropodes peu mobiles. En revanche, le taux d’endémisme est moindre chez les oiseaux, les mammifères et les insectes à fort pouvoir de dispersion. La faune locale est donc le fruit de plusieurs événements biologiques distincts. Quant aux tingides d’Australie, ils sont diversi és et hautement endémiques. On reconnaît actuel- lement près de 147 espèces parmi lesquelles 135 sont endémiques. La faune de l’ouest australien est cependant mal connue. On n’admet aujourd’hui que 22 espèces natives de la région dont 14 sont endémiques de la région sud-ouest.
Notre dernière mission sur le terrain a permis de découvrir deux autres espèces, qui ne sont pas encore décrites à ce jour. L’une est un Tingis, genre largement répandu sur le globe. Cette espèce ne nous renseignera pas beaucoup sur l’histoire des tingides. En revanche, l’autre espèce appartient au genre Engynoma, qui est endé- mique d’Australie, et dont tous les représentants connus provenaient d’une seule localité. Notre espèce nouvelle serait donc la première trouvée à l’ouest de l’île-continent. Alors, quel est le groupe frère des Engynoma ? Vient-il d’Amérique ou est-il d’Asie ? Les analyses moléculaires en laboratoire devraient nous renseigner. Dans les deux cas, les spécimens ont été découverts sur des plantes à répartition restreinte à la région... Pas étonnant, donc, que la faune en tingides soit si fortement endémique, si elle dépend de
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
BILAN SCIENTIFIQUE
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