Page 52 - Rescapes_du _Gondwana
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Ce tingide de l’espèce Parada torta a été récolté dans les arbres d’une forêt aménagée par les hommes à proximité de la commune de Koumac. On le retrouve également au Queensland en Australie. Parada torta est la seule espèce de son genre présente en
Nouvelle-Calédonie, où elle a été découverte récemment. On reconnaît
le genre par les carènes latérales développées et recourbées sur le pronotum (plaque dorsale de l’exosquelette).
Page de droite - Des collemboles se déplacent sur un champignon. Au col d’Amieu, le collembole Microgastrura massoudi, seule espèce connue de son genre sur l’île, se nourrit des spores d’un champi- gnon poussant dans le sous-bois de la forêt
tropicale. Le genre Microgastrura présente
des mandibules avec une plaque molaire réduite, situation intermédiaire entre la majorité des familles de Poduromorphes et la famille des Neanuridae chez qui la plaque molaire a totalement disparu.
L’étape suivante de la mission devait nous conduire sur le mont Mandjelia, situé au-delà du mont Panié. Mais pour y parvenir, il nous aurait fallu traverser une rivière en crue, la Pwaala. Traversée hasardeuse, surtout avec le véhicule dont nous sommes équipés, et le niveau de l’eau extrêmement élevé au niveau du gué. Nous décidons donc de rebrousser chemin.
Après avoir atteint le point le plus au nord du périple, nous redescendons vers le sud par la côte ouest. Koumac, Koné... Sur la côte est, la forêt est très di érente de celle de la côte ouest. En e et, cette première est soumise aux vents du Paci que, qui apportent des pluies. Les forêts sont donc humides et plus luxuriantes. Le climat devient plus sec sur la côte ouest de l’île. La forêt est de type sclérophylle (à feuilles coriaces),
c’est-à-dire de milieu sec, un peu comme la forêt méditerranéenne. Ce ne sont pas les mêmes espèces qui prédominent. Arrivés à Koumac, nous constatons que les forêts poussant sur du karst (calcaire) ne présentent pas de faune extraordinaire, pour ce qui est des insectes. Nous y rencontrons quelques espèces à large réparti- tion et des espèces connues du Queensland, en Australie, en face de la Nouvelle-Calédonie.
Pour conclure la mission néo-calédonienne, nous atteignons la presqu’île de Pindaï. La forêt y est ouverte et les arbres de taille raisonnable, une quinzaine de mètres pour la plupart. Les grimpes sont donc plus faciles que sur d’autres sites de l’île, mais le soleil est également plus agressif.
Malheureusement, le site, trop sec, n’a pas permis de découvrir beaucoup d’insectes recherchés par les entomologistes de la mission. Ainsi, Éric, qui revient sur les lieux après son travail de thèse datant de 1993, ne retrouve, en 2005, qu’une seule des espèces échantillonnées douze ans plus tôt par « fogging ». De plus, la déception est grande de retrouver une des parcelles explorées par Éric complètement brûlée, recouverte de cendres et sans un seul arbre vivant... Cela montre à quel point la forêt est fragile. Sans qu’il y ait la moindre exploitation du sol ou du bois, une simple allumette peut réduire un site, riche en biodiversité, à néant. En e et, sur cette parcelle détruite se trouvaient des espèces décrites par les entomologistes et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Elles sont donc irrémédiablement perdues.
LES RESCAPÉS DU GONDWANA
LA PRESQU’ÎLE DE PINDAÏ
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© SYNOPS ÉDITIONS 2017


































































































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