Page 16 - 10ansPaca
P. 16
16 éCOLOGIE-ENVIRONNEMENT
« Ces traitements novateurs basés sur la lutte biologique laissent espérer, à terme, un contrôle des insectes ravageurs des plantes et des arbres. »
d’insectes nuisibles de plus grande taille, dont justement ceux de la pyrale. Une fois infestés, ces derniers sont tués et le développement de l’insecte est stoppé. Cette piste de lutte biologique est prometteuse, et déjà employée contre d’autres ravageurs. Mais il fallait identi er, avant de l’appliquer à
la pyrale du buis, les souches de parasitoïdes les plus ef caces pour lutter contre cette dernière. C’est ce qui a été fait à l’UEFM, où 54 souches de la microguêpe ont été testées, cinq d’entre elles se distinguant par leur ef cacité : en laboratoire, elles peuvent engendrer jusqu’à 100% de mortalité globale chez les ravageurs ciblés.
Parallèlement à cette stratégie visant les œufs de pyrale, les biologistes ont mis au point des pièges performants destinés à capturer les papillons adultes. Faisant appel, pour cela,
à une phéromone émise par les femelles et attirant les mâles. Cette avancée a été permise par de nombreuses études en laboratoire, et des essais sur le terrain, coordonnés par Jean-Claude Martin. Issu de ces recherches et récemment mis sur le marché suite à un brevet d’invention, le piège BUXatrap a ainsi la particularité de nécessiter très peu de maintenance. « D’un coût limité, il diffuse la phéromone attractive jusqu’à six mois, et possède un potentiel de capture supérieur à celui des pièges classiques, dans lesquels les papillons se noient dans de l’eau qu’il faut changer régulièrement. Celui-ci est sec, les insectes piégés se dégradant naturellement par l’action de la chaleur et de la lumière, ou étant consommés par des fourmis », explique le chercheur, qui insiste sur la discrétion et la couleur du dispositif permettant une intégration harmonieuse aux massifs de buis. Néanmoins, lorsque la pyrale a colonisé entièrement le milieu naturel, les pièges peuvent saturer en un ou deux jours.
Autre innovation développée à l’UEFM, une arme de type « paint-ball » capable
de projeter sur les arbres de la phéromone formulée en gel, optimisant ainsi son ef cacité.
Ces traitements novateurs contre la pyrale, aux côtés des outils classiques basés par exemple sur le bacille Btk (Bacillus thuringiensis) qui empoisonne les chenilles, laissent espérer, à terme, un contrôle du ravageur. D’autant que de nouveaux alliés, inattendus, pourraient prêter main-forte aux biologistes. « Nous avons observé que plusieurs espèces d’oiseaux, parmi lesquelles les mésanges, consomment des chenilles de pyrale alors qu’elles ne s’y intéressaient pas les premières années de son apparition », observe Jean-Claude Martin. Une constatation importante, qui con rme tout l’intérêt des suivis de terrain menés par l’UEFM, compléments indispensables du travail en laboratoire. Ainsi, la mésange
a déjà fait la preuve de son ef cacité contre la chenille processionnaire du pin, au cours d’une expérience grandeur nature qui a conduit à l’installation de 1139 nichoirs dans trois départements provençaux (Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritimes et Vaucluse). Résultat : les populations de chenilles ont été régulées sur tous les sites équipés de nichoirs à mésanges. ◊
Références Gestiondelaprocessionnairedupin:lespratiquesontévolué,Phytoma–
la santé des végétaux, 2016.
Vers un outil de biocontrôle innovant et performant contre la pyrale du buis. Un nouveau modèle de piège et un diffuseur de phéromone en développement ont été testés, Phytoma – La santé des végétaux, 2015.
Laboratoire UnitéexpérimentaleEntomologieetforêtméditerranéenne(UEFM),INRA Antibes
..

