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À l’est de la cordillère
des Andes, à quelques kilomètres à l’est de Bariloche, se déroulent à l’infini les hauts plateaux argentins, recouverts par la pampa, une steppe faite d’herbes rases et de quelques buissons.
Teleonemia patagonica est un tingide endémique de la Patagonie. On le trouve aussi bien au Chili qu’en Argentine, sur la même plante-hôte, Diostea juncea. C’est l’espèce de tingide la plus australe de l’Amérique.
En 2015, Éric décide d’organiser une mission courte, d’une dizaine de jours, en Patagonie argentine. Cette mission s’inscrit dans le projet des Rescapés du Gondwana, mais il s’agit en quelque sorte d’une « mission commando » dont l’unique objectif est de trouver les Tingidae aus- traux qui ont fait défaut lors de la mission 2011. Il doit en e et absolument compléter son jeu de données taxonomiques pour a ner les analyses biogéographiques en cours.
Destination San Carlos de Bariloche, là où Cyrille et Christophe ont collecté dix ans plus tôt. Il sera accompagné de Sara Montemayor, entomolo- giste au Departamento de Entomologia du musée de La Plata. San Carlos de Bariloche ressemble à la Suisse ou aux Alpes, version XXL... Une région de grands lacs bordés de montagnes. Nous sommes sur les contreforts est des Andes. À quelques kilomètres à l’est de Bariloche, on se retrouve dans la steppe ou pampa, une formation faite d’herbes rases et de quelques buissons. Nous sommes alors récompensés de nos e orts, puisque Sara, en « battant » une végétation rela- tivement pauvre, débusque l’espèce de tingides la plus australe que l’on connaisse : Teleonemia patagonica. L’honneur est sauf ! Autre belle sur- prise, des collègues entomologistes partis
collecter en février 2014 sur l’île chilienne de Chiloé, sur les lieux de la mission 2007, ont aussi rapporté des spécimens de Teleonemia pata- gonica. L’espèce vit donc des deux côtés des Andes, alors que les conditions ne sont pas du tout les mêmes. En e et, le côté argentin est plus sec que le côté chilien à cause des pluies qui arrivent de l’océan Paci que sur la côte chilienne et qui sont bloquées par les Andes. De plus, les spécimens ont été découverts sur la même plante hôte des deux côtés : Diostea juncea. Il est donc clair que l’espèce Teleonemia patagonica en question se nourrit sur cette plante. De plus, nous avons trouvé des larves sur plusieurs plantes, ce qui atteste que l’espèce pond aussi sur la plante. Peu d’espèces de tingides résistent au froid de la Patagonie. On les trouve plus au nord. Pourtant, les connexions tardives entre l’Amérique du Sud, l’Antarctique et l’Australie ont dû favoriser les mouvements et les échanges faunistiques d’est en ouest et/ou d’ouest en est. Il nous faut trouver des éléments de l’autre côté du Gondwana, à l’est, de façon à pouvoir faire des analyses des liens de parentés et proposer ainsi des hypo- thèses quant à l’origine des faunes actuelles. Notre regard se tourne alors vers l’Australie.
LES RESCAPÉS DU GONDWANA
ARGENTINE
BARILOCHE 2015
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© SYNOPS ÉDITIONS 2017


































































































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