Page 138 - Rescapes_du _Gondwana
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Page précédente - Cette falaise vertigineuse borde les rives du fleuve Umtamvuna, abritant une forêt galerie d’une grande richesse biologique.
La vallée creusée par la Mtentu, le long de la réserve de Mkambati, est bordée par une forêt galerie, dominée par les hauts plateaux du Pondoland.
LES RESCAPÉS DU GONDWANA
BIOGÉOGRAPHIE DE L’AFRIQUE DU SUD
L’Afrique du Sud fait partie du tracé gondwanien généralisé, qui regroupe l’Amérique du Sud, l’In- de, Madagascar, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique. Tous ces éléments étaient encore en contact vers la n du Jurassique, au moins par l’intermédiaire de l’Antarctique. Puis, l’est et l’ouest du Gondwana ont commencé à se déplacer il y a 180 Ma. Il y a 165 Ma, la fragmentation du Gond- wana a débuté avec l’élargissement du fond marin
entre l’Afrique et Madagascar, dans le bassin de Somalie. Puis, l’Afrique équatoriale a maintenu, le long de la zone de fracture guinéenne, des connections avec l’Amérique du Sud jusqu’à 105 Ma. De la même manière, des connexions continentales ont été maintenues entre l’Afrique et le sud de l’Amérique grâce à des extensions du plateau des Falklands, et ce jusqu’à 105 Ma.
L’Afrique du Sud constitue aujourd’hui un « hot spot », zone très riche en biodiversité, pour les plantes à eurs (angiospermes) qui sont indispen- sables au régime alimentaire de certains des groupes d’insectes que nous étudions. Même si l’origine des angiospermes remonte sans doute au début du Crétacé, ou même à la n du Jurassique, leur rôle dans les écosystèmes était négligeable au moins jusqu’au Crétacé moyen. À cette époque, les zones tempérées étaient avant tout dominées par les conifères et dans une moindre mesure les cycades (Cycas). La première moitié du Crétacé correspond donc à un monde sans eurs ou presque, où les insectes pollinisa- teurs, tels que nous les connaissons aujourd’hui, ne jouent pas encore un rôle déterminant dans le fonctionnement des écosystèmes. À partir du Crétacé moyen, les angiospermes se diversi ent de manière considérable et transforment la végé- tation globale. Dans le même temps, la diversité de tous les autres groupes de plantes diminue, et certains s’éteignent avant même la limite Crétacé-Tertiaire.
L’Afrique du Sud ayant été le premier élément continental à se séparer du Gondwana, cela signi- e que si certains des groupes étudiés sont aussi anciens que le Gondwana, et donc antérieurs à sa fragmentation, alors on devrait trouver des repré- sentants actuels en Afrique du Sud. Sur la base de recherches précédentes, nous savons déjà, avant même de partir en mission, qu’il existe des représentants de nos groupes respectifs en Afrique du Sud. Mais nous n’avons aucune idée de leur position phylogénétique, et encore moins de la période à laquelle les lignées auxquelles ils appartiennent apparaissent. Dans tous les cas, la prudence s’impose car l’Afrique du Sud est un mélange de faunes et de ores d’origines variées : on y trouve aussi des lignées beaucoup plus récentes qui n’ont rien à voir avec le Gondwana. Notre objectif est donc de découvrir des spéci- mens de nos groupes respectifs dans le but de les inclure aux phylogénies existantes, a n de déterminer s’ils appartiennent à des lignées gondwaniennes, le tout argumenté par des data- tions moléculaires.
UNE GRANDE RICHESSE BIOLOGIQUE
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