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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
Cette belle forêt d’eucalyptus « karris » a été explorée par l’équipe dans le parc Bramley. Ces arbres présentent un fût droit et une charpentière peu fournie. Leur houppier est
a été décrit depuis 1970. Parmi elles, 49 % sont endémiques, et pour 2 500 d’entre elles, la conservation est préoccupante. Les origines de cette variété oristique sont complexes et énig- matiques. Pour plusieurs auteurs, il n’y a que la ore du Cap, en Afrique du Sud, pour l’égaler. La topographie de la région est plane et stable, avec quelques plateaux bas de granite, des inselbergs (reliefs isolés) émergeant çà et là, et quelques massifs de quartz, en particulier la chaîne des Stirling Range qui culmine à 1 109 m. Depuis le Jurassique, la région a été soumise à un climat de type océanique, la dernière glaciation ayant eu lieu lors du Permien. De plus, la région est riche en fossiles, appartenant presque tous à des taxons éteints depuis le début du quaternaire, dans un environnement qui a vu l’aridité s’installer au centre de l’Australie depuis l’Oligocène/ Miocène (20-25 Ma). L’environnement actuel est essentiellement composé de taillis sclérophylles (adaptés à la sécheresse), d’arbres et d’herbes adaptés aux sols pauvres, et dominé par des forêts d’eucalyptus. Au vu de la richesse de la faune et de la ore de la région que nous allons explorer, nous sommes donc bien face à l’un des 25 « hotspots » de biodiversité mondiale dé nis par Myers et ses collègues en 2000.
Comment une région aussi isolée et avec un sol pauvre en nutriments a-t-elle pu engendrer une aussi grande diversité d’espèces ? La réponse est complexe. Pour certains auteurs, cette diversité et ce fort endémisme sont principalement dus au fait que la région a une topographie plate et stable sur laquelle il n’y a quasiment pas eu de
souvent perché à plus de quarante mètres de hauteur, ce qui rend compliqué le lancer de petit sac pour installer la corde ! Les sous-bois de la forêt sont clairs, contrairement aux
forêts tropicales où la mise en place des cordes, dans une végétation enchevêtrée dès le sol et jusqu’aux hautes branches, pose des problèmes bien plus importants.
formation de montagnes ni de glaciation depuis le Permien. Un environnement aussi stable et iso- lé aurait ainsi favorisé l’émergence de groupes endémiques, ne quittant plus les lieux, et n’étant pas soumis à des phénomènes de dispersion ou de vicariance. En témoigne, par exemple, l’exis- tence de fossiles de plantes datant du Tertiaire moyen, des Banksia/Dryandra (Proteaceae) et Agaonis (Myrtaceae).
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