Page 19 - Rescapes_du _Gondwana
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UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
DES FAUNES, FLORES ET CLIMATS FAÇONNÉS PAR LA DÉRIVE CONTINENTALE
Qu’en était-il de la faune et de la ore peuplant la planète lors de ces périodes géologiques loin- taines, et de leurs principales évolutions ? Les scienti ques disposent, pour répondre à cette question très complexe, d’indices parcellaires mais nombreux, essentiellement grâce aux fos- siles découverts dans les couches géologiques anciennes. Ainsi, la présence d’arthropodes réel- lement terrestres dès l’Ordovicien (500 Ma) reste très débattue, mais il est possible que des vers, par exemple des annélides, aient déjà conquis les premiers environnements terrestres durant cette période. Le plus vieil insecte connu, quant à lui, aurait entre 408 et 438 Ma. Cependant, dès la n du Silurien (430-400 Ma), des mille-pattes, araignées, acariens et collemboles avaient conquis le milieu terrestre et peuplaient les « tapis » constitués de mousses et de trachéo- phytes primitives (plantes vasculaires, pourvues de vaisseaux). D’ailleurs, la plus ancienne plante vasculaire connue daterait du Silurien inférieur, autour de 430 Ma. Les plantes du Silurien et du début du Dévonien étaient de type herbacé, et se développaient le long des côtes ainsi que dans divers biotopes humides de type maré- cages, bordures de lac et de rivières.
Aucune de ces plantes n’était à eurs, et leurs graines étaient nues. La ore du milieu du Dévonien formait des strates herbacées et buis- sonnantes, évoquant un maquis. Puis sont appa- rues les formes arborées au Dévonien tardif, avec des plantes hautes de dix à vingt mètres, comme les lycophytes. Les premiers véritables arbres datent aussi de cette époque, et auraient constitué les premières forêts de progymnos- permes avec, en particulier, l’Archaeopteris, pou- vant mesurer jusqu’à quarante mètres de hauteur. Ces progymnospermes subsisteront jusqu’au début du Carbonifère. Les arthropodes de cette époque sont de petite taille et canton- nés eux aussi aux milieux humides, mais dès le milieu du Car-bonifère (325 Ma) apparaissent les
premiers insectes ailés. Ce sont parfois de gros animaux, tels que les libellules du genre Meganeura dont l’envergure pouvait atteindre plus de 70 centimètres.
Le Carbonifère constitue donc une période clé où se forment les premiers écosystèmes ter- restres, alors que le Gondwana fait encore partie intégrante de la Pangée.
Il est important de noter que sur le plan clima- tique, le Gondwana a été soumis à des glacia- tions très anciennes. Par exemple, au Dévonien, une période glaciaire a a ecté le nord de l’Amé- rique du Sud, ce qui a entraîné une di érencia- tion des ores entre le nord et le sud du super- continent. Puis, au Carbonifère, le refroidissement global du Gondwana a favorisé le remplacement des lycophytes par d’autres formes de végétaux, notamment des fougères.
Plus tard encore, au Permien (298-252 Ma), c’est l’ensemble de la ore qui s’est restructurée pro- fondément, jusqu’à se trouver dominée, à la n de cette période, par les fougères et les conifères, dont le développement est favorisé par un climat plus chaud. Les plantes continueront à se diversi- er au Trias et des formations végétales variées se di érencieront en fonction des régions, lati- tudes, et formations des sols.
Parmi les premiers vertébrés terrestres, nous dis- posons de traces fossiles prouvant une sortie des eaux il y a 395 Ma, mais les premiers fossiles connus correspondent à une sorte de poisson aux nageoires modi ées permettant des dépla- cements hors de l’eau : il s’agit du tiktaalik, daté d’il y a environ 375 Ma et découvert dans l’Arc- tique sur l’île d’Ellesmere. Le premier reptile fos- sile date du Carbonifère (340 Ma), et les premiers thérapsides, ou reptiles mammaliens, sont appa- rus au Permien il y a 285 Ma environ.
Quant à la colonisation des hautes latitudes par les vertébrés terrestres, elle remonte au milieu du Permien, vers 270 Ma, suite à la glaciation qui a touché le Gondwana à la n du Carbonifère.
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