Page 17 - Rescapes_du _Gondwana
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Il y a environ 350 millions d’années, durant l’ère carbonifère, toutes les masses continentales de la planète sont rassemblées en un vaste conti- nent, unique, que les géologues appellent la Pangée. Celle-ci n’a pas toujours existé, et résulte elle-même de l’assemblage de deux superconti- nents plus anciens. Comment de tels mouve- ments incessants, qui entraînent les terres sur plusieurs milliers de kilomètres au rythme de deux à vingt centimètres par an, sont-ils pos- sibles ? La réponse est à chercher dans les entrailles de la planète. En e et, depuis la forma- tion de la croûte terrestre, qui compose la zone rigide externe de la terre, celle-ci est subdivisée en quinze vastes plaques rigides, dites tecto- niques ou lithosphériques. Elles « ottent » et glissent sur une couche plus profonde et uide, appelée asthénosphère. Celle-ci entraîne, au passage, les plaques continentales en surface. Ce phénomène de dérive des continents, théori- sé pour la première fois en 1915 par Alfred Wegener, est continuellement à l’œuvre.
Outre son rôle évident sur les contours des terres et des mers, ce phénomène joue également un rôle primordial sur les modi cations climatiques qui se déroulent à l’échelle des temps géolo- giques. Ainsi, la rencontre de deux plaques conti- nentales peut entraîner la formation d’une chaîne montagneuse, qui va à son tour in uer sur les cir- culations de masses d’air, et modi er les condi- tions climatiques de part et d’autre de la barrière rocheuse, qui vont devenir plus ou moins sèches, chaudes, froides ou humides. À l’inverse, la sé- paration ou fracturation entre deux plaques
continentales peut ouvrir la voie à des masses d’eaux océaniques, chaudes ou froides en fonc- tion de leur provenance, vers d’autres régions de la planète, entraînant là encore des changements de climats... Les faunes et les ores régionales évoluent à leur tour en s’adaptant à ces modi ca- tions de l’environnement. De plus, le déplace- ment d’une plaque continentale entraîne avec lui les faunes et les ores qui l’occupent vers des conditions climatiques nouvelles, plus ou moins chaudes et humides, soumises à des rayonne- ments solaires plus ou moins importants... Ce qui provoque des adaptations indispensables à la survie des espèces soumises à ces environne- ments nouveaux. Avec, comme résultat sur le long terme, l’apparition de nouvelles espèces, dif- férentes par leurs formes et leurs comporte- ments de celles dont elles descendent.
Ainsi, toute la biodiversité actuelle de la planète, faune et ore comprises, résulte de l’apparition au l des temps géologiques d’espèces nou- velles à partir de formes ancestrales, en adapta- tion à des variations environnementales dont l’un des principaux moteurs est la dérive des conti- nents. Grâce aux fossiles conservés dans les sédiments ou l’ambre, on sait par exemple qu’à l’époque de la Pangée existaient des libellules et des guêpes géantes. Ces insectes n’existent plus aujourd’hui, mais leurs descendants portent en eux une partie du génome et des caractères ana- tomiques et comportementaux, hérités de leurs lointains ancêtres.
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
CONTINENTS À LA DÉRIVE ET DIVERSITÉ BIOLOGIQUE
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