Page 204 - Rescapes_du _Gondwana
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À l’heure de tirer un premier enseignement scienti que de nos missions, on peut dire que le bilan global est positif. En e et, les spécimens et les espèces décrits et découverts dans les nom- breuses régions explorées, rassemblés dans une seule étude, apportent de premiers éléments de réponse aux questions soulevées lors du début de notre quête... Même si une synthèse globale, et  nale, n’est pas encore d’actualité. Le sera-t-elle un jour ? Rien n’est moins sûr, tant le nombre d’événements biologiques, climatiques et géogra- phiques survenus au  l de la longue histoire du Gondwana, et des dérives qui lui ont succédé, est d’une extrême complexité, les traces de cer- taines étapes étant vraisemblablement à jamais perdues. Pourtant, des fragments de connais- sance de la vaste histoire gondwanienne nous sont désormais accessibles, même si le puzzle dans son ensemble reste incomplet. Voici donc quelques éléments de compréhension, issus de nos travaux de terrain durant la décennie écou- lée, et des fastidieuses analyses et comparaisons entre spécimens rapportés des quatre coins du monde qui ont suivi, réalisées dans nos labora- toires respectifs. L’étude du génome des spéci- mens collectés dans la nature a constitué un pan indispensable de ce patient travail d’étude
scienti que, en plus de l’analyse de leurs formes par microscopie optique ou électronique, et des fonctions organiques associées à ces formes. En e et, grâce à un principe appelé « horloge molé- culaire », l’étude des molécules d’ADN apparte- nant aux di érents spécimens permet de dater la période à laquelle les lignées ou espèces aux- quelles ils appartiennent se sont séparées au cours de l’évolution. Cela est permis par le fait que la fréquence d’apparition des mutations dans les génomes, dues au hasard et dont certaines sont à l’origine de la diversi cation des formes condui- sant à l’apparition de nouvelles espèces, se déroule de façon relativement constante au  l du temps, même si des phases d’accélération ou de ralentissement peuvent aussi survenir. De ce fait, en mesurant la « distance génétique », c’est-à- dire le nombre de di érences existant entre les génomes de deux espèces actuelles, on peut éva- luer le temps qui s’est écoulé depuis leur sépara- tion dans l’arbre du vivant, ou reconstruction phylogénétique.
LES RESCAPÉS DU GONDWANA
PREMIER BILAN DE RECHERCHES
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© SYNOPS ÉDITIONS 2017


































































































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