Page 221 - Rescapes_du _Gondwana
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UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
Suspendus dans un arbre émergeant de la canopée, Éric et Lionel observent une forêt en Argentine, et préparent la suite de la mission. Quel sera le prochain site d’étude ? Où pourrons-nous installer nos cordes au mieux ?
que sociétal. Cela se justi e par le rôle vital que jouent les pollinisateurs pour la reproduction de plus de 80 % des plantes à  eurs, et donc pour la persistance des communautés végétales natu- relles ainsi que l’ensemble de la biodiversité qu’elles soutiennent. Les pollinisateurs sont éga- lement impliqués dans la production agricole, avec plus de 70 % des plantes cultivées et 35 % de la production agricole mondiale qui en dépendent pour leur rendement.
L’homme prend ainsi conscience que, contraire- ment à ce qu’il a cru, il ne s’est jamais vraiment extrait du réseau d’interactions qui existent entre les espèces de la planète. Il est, au contraire, tou- jours très dépendant de bon nombre d’espèces animales et végétales pour sa propre survie, à tra- vers les « services éco-systémiques », c’est-à- dire des services qui lui sont rendus par d’autres espèces.
En conclusion, nos travaux nous enseignent que les extinctions font partie de l’évolution et que les grands évènements géologiques, climatiques, et même astronomiques qui ont jalonné la fragmen- tation du Gondwana durant des dizaines de mil- lions d’années ont été fatals à de nombreuses
espèces... Même si d’autres, au contraire, ont su tirer leur épingle du jeu et se sont considérable- ment diversi ées. Mais la perte de biodiversité actuelle n’a pas pour origine un événement naturel, aussi catastrophique qu’il soit. Pour la première fois depuis l’apparition de la vie sur terre, une espèce, à elle seule, met en danger la survie de toutes les autres. Cette espèce est aussi la seule à pouvoir changer les choses en modi-  ant très vite son comportement, car sa propre existence est en jeu, avec celle de tout le monde vivant et la biodiversité qui le caractérise.
Notre avenir s’éclaire de manière singulière au regard du passé. Il n’est plus question ici du carpe diem d’Horace, fataliste, qui enjoignait Leuconoé de cueillir le jour présent sans se sou- cier du lendemain. Bien au contraire, l’humanité n’a plus d’autre choix, pour préserver les lende- mains de ceux qui viendront après nous, que de protéger la planète qui constitue son seul navire au milieu de l’immensité. En comprenant, pour cela, le vivant d’aujourd’hui a n de protéger celui de demain.
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© SYNOPS ÉDITIONS 2017


































































































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