Page 25 - Rescapes_du _Gondwana
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évaluer toute la richesse des sols en matière de diversité des insectes, à comparer avec celle de la canopée. C’est ainsi que le trio se lance dans la première aventure sur les traces du Gondwana, avant que le programme complet naisse. L’expédition en Nouvelle-Calédonie en 2005 marque en e et les débuts de Cafotrop, les dis- cussions entre les chercheurs et le grimpeur donnant naissance au concept et au projet. C’est
aussi en Nouvelle-Calédonie que les adaptations des techniques du Tree Climbing (grimpe d’arbre) aux besoins des études scienti ques de la cano- pée en milieu tropical ont commencé. Elles ont même débouché sur un article scienti que décri- vant en détail ces techniques, publié en 2014 par Lionel Picart et ses collègues.
Au retour de Nouvelle-Calédonie, les objectifs et la méthode scienti ques de Cafotrop sont claire- ment dé nis. En découvrant les descendants des insectes qui vécurent à l’époque du Gondwana, puis en les étudiant avec les méthodes de pointe de la biologie moléculaire et de la systématique, il s’agit de retracer les liens de parenté entre ces descendants, pour remonter ensuite le long de ces liens jusqu’à un ancêtre hypothétique qui vivait il y a 200 Ma sur ces lieux. Pour cela, plu- sieurs modèles d’études sont choisis, qui per- mettent de multiplier les points de vue : comparer la répartition des diptères, qui sont de bons « voi- liers », avec celle des collemboles, faune typique du sol, et des punaises phytophages, qui dépendent des plantes pour leur survie, apporte- rait des éclairages di érents à la même question, permettant ainsi d’associer au mieux le puzzle complexe de l’origine et la diversi cation des Rescapés du Gondwana ! Ainsi, les premières mis- sions Cafotrop ont d’emblée intégré les trois spécialistes des groupes modèles choisis : Christophe Daugeron, Cyrille D'Haese et Éric Guilbert. Elles ont aussi fait toute leur place, d’em- blée, au grimpeur Lionel Picart, qui assurait l’accès à la canopée, et au photographe Philippe Psaïla, chargé de constituer une mémoire photogra- phique de cette aventure scienti que. Par la suite, Olivier Montreuil, spécialiste des coléoptères
coprophages, a rejoint l’équipe, laquelle a été complétée au gré des missions par des collègues locaux qui apportaient leur très bonne connais- sance du terrain. Année après année, en fonction des budgets et des autorisations de recherches sur le terrain des « hotspots » (zones très riches en biodiversité) visés par les membres de Cafotrop, un voyage à travers les régions issues du Gondwana s’est donc déroulé, intégrant ses prin- cipales richesses : Madagascar, Nouvelle- Calédonie, Afrique du Sud, Patagonie (Chili et Argentine), Nouvelle-Zélande, Australie... Avec, à la clé, des déceptions, des joies, des décourage- ments, des tracasseries administratives, mais sur- tout la découverte de biotopes extraordinaires, dont la protection est une impérieuse nécessité. Ces missions ont aussi été l’occasion de nom- breuses rencontres, qui ont enrichi humainement les scienti ques. En n, et surtout, les entomolo- gistes ont percé de nombreux secrets des Rescapés du Gondwana, insectes tapis dans les forêts profondes et cachés depuis longtemps à la science...
Mais il est grand temps de rejoindre la première étape du périple des « cafotropeurs », comme ils se sont eux-mêmes baptisés, sur la route du Gondwana, direction la Nouvelle-Calédonie.
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
ÉBAUCHE D’UN ITINÉRAIRE
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© SYNOPS ÉDITIONS 2017


































































































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