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LES RESCAPÉS DU GONDWANA
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La baie de Wellington est bordée par une magnifique et dense forêt de Nothofagus. Elle s’ouvre sur le détroit de Cook
et l’île du sud.
Dans le parc de Coromandel, au nord de la Nouvelle-Zélande, nos premières prospections se sont faites en suivant les ruisseaux, qui constituent les seuls itinéraires praticables dans la forêt.
BIOGÉOGRAPHIE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE
La Nouvelle-Zélande constitue un groupe d’îles d’une super cie totale de 270 534 km2, situé dans le sud-ouest du Paci que, à environ 2 000 km à l’est de l’Australie. Elle est isolée au cœur du vaste océan, à plus de 1 500 km de toute autre terre émergée. Composée principalement de deux grandes îles, elle est terre des Maoris, le pays du rugby, des kiwis et a été exploitée au cinéma en o rant ses paysages naturels somptueux au décor du lm Le Seigneur des anneaux. Cette terre perdue au milieu des ots suscite beaucoup d’in- térêt et de littérature scienti que en matière de biogéographie. Les avis di èrent en e et sur l’origine de sa biodiversité, fruit d’une longue histoire.
Il y a environ 80 Ma, une partie du continent s’est ainsi séparée de l’est de l’Australie et a dérivé iso- lément. Ce bloc, appelé « Zealandia » par les paléogéographes, était donc composé d’une masse de croûte continentale su samment épaisse pour se situer au-dessus du niveau de la mer, et constituer une terre émergée. D’une super cie proche de celle de l’Inde actuelle, Zealandia était bien plus vaste que la Nouvelle- Zélande d’aujourd’hui. Elle comprenait le plateau de Campbell, celui de Challenger, la crête de Lord Howe, la chaîne montagneuse de Norfolk, Chatman et la Nouvelle-Calédonie actuelle. Il y a 60 Ma, Zealandia s’est rétrécie et s’est retrouvée à quelque 2 à 3 000 mètres sous le niveau de la mer. Aujourd’hui, environ 93 % de la super cie de Zealandia se situe sous la mer. À l’Oligocène, la Nouvelle-Zélande a probablement été entière- ment submergée par les eaux. Alors, la faune et la
ore de Nouvelle-Zélande sont-elles des lignées anciennes isolées depuis de longues années ou des lignées venues d’ailleurs et nouvellement arrivées par dispersion ? La question suscite un vif débat depuis de longues années.
Ainsi, Wallace s’y intéressait déjà en 1876. Pendant longtemps, la biodiversité néo-zélandaise a été avant tout considérée comme le produit d’un long isolement. Ces dernières années, il est apparu que la diversi cation et, dans beaucoup de cas, l’ori- gine des lignées de Nouvelle-Zélande sont posté- rieures à la fragmentation du Gondwana. Des études moléculaires sur les plantes et les animaux terrestres en Nouvelle-Zélande indiquent en e et que beaucoup de groupes sont arrivés après cet isolement, et que la diversi cation de nombre de ces groupes est récente. Des conclusions en accord avec ce qui est observé concernant le renouvellement des espèces à partir du registre fossile, les a nités taxonomiques, l’évidence tec- tonique, ainsi que la composition et les interac- tions entre espèces. L’extinction, la colonisation et la spéciation ont généré, en Nouvelle-Zélande, un biotope plus proche de l’archipel océanique que du continent sur bien des aspects.
Contrairement à la plupart des systèmes insu- laires dans le Paci que, excepté la Nouvelle- Calédonie, l’évolution des biotopes de la Nouvelle-Zélande est signi cativement in uen- cée par la biogéographie continentale. L’île a ainsi été décrite comme l’un des points chauds d’en- démisme et de biodiversité mondiale, avec un
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