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de nombreuses et patientes années de recherche, pourra-t-elle constituer demain une solution thérapeutique aux quelques
300 000 diabétiques français de type 1, et au-delà les 24 millions de malades dans le monde ?
Le chercheur prend le temps de la ré exion, et devient aussi sérieux et concentré qu’il était, quelques instants auparavant, souriant et enthousiaste dans ses
explications : « L’espoir est réel, même si il faudra au minimum cinq à dix ans avant qu’un
jour », tempère Patrick Collombat,
traitement ne voie éventuellement le
qui précise à quoi pourrait ressembler, à l’avenir, cette révolution thérapeutique : « Il n’est bien sûr pas question de modi er génétiquement, comme nous l’avons fait par manipulation chez les souris, les personnes atteintes de diabète auto-immun pour régénérer
Le docteur Collombat, à droite, avec une partie de son équipe de génétique du diabète.
leur cellules pancréatiques. C’est pourquoi nous avons recherché, après avoir décrit le procédé biochimique à l’œuvre sous l’effet du gène Pax4, parmi les millions de molécules référencées dans les bases de données internationales, celle ou celles qui étaient justement capable de mimer l’activation forcée de ce gène régénérateur des cellules β
du pancréas ». Et là, nouvelle découverte porteuse d’espérance : « Nous avons en effet isolé au moins une molécule, déjà connue par ailleurs dans le traitement d’une affection courante, qui reproduit parfaitement l’action du gène activé arti ciellement chez la souris, et entraîne la même régénération et transformation des cellules α en β ». Potentiellement, la découverte est extraordinaire, car elle pourrait permettre, à l’horizon de la prochaine décennie, un traitement du diabète de type 1 reposant sur la seule prise de comprimés. à comparer avec les fastidieuses et répétitives injections d’insuline auxquelles sont contraints les patients actuellement. Un horizon d’autant plus vraisemblable qu’une société pharmacologique, indispensable alliée de la recherche dans l’optique d’un médicament, s’est rapprochée de l’équipe niçoise. Les essais cliniques sur l’homme, facilités par le fait que la molécule d’intérêt est déjà autorisée pour une autre indication, devraient donc débuter dans quelques mois. Et laissent espérer, d’ici cinq à dix ans, une mise sur le marché du médicament « miracle » contre le diabète. Même si, tempère une nouvelle fois Patrick Collombat avec une salutaire prudence, « on est jamais sûr de rien en biologie et en médecine ». ◊
Référence AdultDuct-LiningCellsCanReprogramintoβ-likeCellsAbletoCounter Repeated Cycles of Toxin-Induced Diabetes, Developmental Cell, 27 juin 2013. Laboratoire InstitutdebiologieValrose(iBV),CNRS/Inserm/UCA.Équipegénétique du diabète.
© Philippe Psaïla