Page 217 - Rescapes_du _Gondwana

Il résulte de l’ensemble de ces résultats, tout comme des connaissances déjà acquises avant nos travaux, que la mise en place des faunes et des ores à partir du Gondwana d’origine consti- tue une histoire très complexe, dont on peut ten- ter de dresser un scénario plausible. L’Afrique s’est ainsi séparée, la première, du reste des terres, laissant apparaître un bras de mer récent, il y a environ 160 Ma. Le bloc Madagascar-Inde a fait de même vers -130 Ma. La ore et la faune déjà séparées entre ces di érents continents voient alors de nouvelles espèces naître par vica- riance. Pendant ce temps, le sud du Gondwana, au climat pendant longtemps clément, voit nombre d’espèces s’épanouir... Pendant que les di érents éléments continentaux du Gondwana se disloquent lentement, le climat à leur surface change. Suite à ces changements climatiques, la ore et la faune s’adaptent, et des populations d’espèces migrent entre l’Amérique et l’Australie (entre -160 et -30 Ma). Puis, les derniers éléments du Gondwana se séparent il y a environ 30 Ma. L’Antarctique se refroidit alors, et les populations américaines et australiennes se di érencient
en espèces nouvelles. Un événement se produit lorsque d’autres contacts continentaux s’éta- blissent, entre les éléments terrestres gondwa- niens et laurasiens, par exemple quand l’Inde vient au contact de l’Asie il y a 43 Ma environ. De ce fait, les ores et les faunes migrent à nouveau, certaines activement en se déplaçant, d’autres passivement, (par exemple entraînées sur des radeaux ou par les vents dominants). Des espèces laurasiennes migrent vers le sud, en Afrique entre autres. Tous ces grands mouve- ments, tout ce vaste mélange biologique, di ci- lement imaginable tant les temps furent longs et les événements nombreux, ont conduit à la richesse actuelle de notre planète en matière de biodiversité. Nous autres, humains, n’avons pas échappé à cette règle qui régit le monde vivant : nos ancêtres se sont eux aussi dispersés sur la surface de la planète, au cours de longues et nombreuses migrations réalisées pour la plu- partàpiedilyaentre55000et200000ans,àla recherche de nouveaux territoires à occuper, ou simplement poussés par la curiosité qui caracté- rise notre espèce Homo sapiens.
UNE AVENTURE SCIENTIFIQUE AU CŒUR DU VIVANT
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